L’IA générative, une révolution organisationnelle pour les entreprises

Accès plus rapide à l’information, gain de temps dans les tâches répétitives, aide plus efficace à la prise de décision : les IA génératives vont bouleverser le fonctionnement des entreprises.

Il n’est évidemment pas possible de dresser une liste exhaustive des différents usages de l’IA générative dans les entreprises : maintenance prédictive d’installations industrielles complexes, gestion des risques dans des institutions financières, amélioration des diagnostics dans la santé, transformation de la relation client… Dans tous les cas, le process est le même : des données de meilleure qualité, en plus grand nombre, sous tous les formats ; une capacité des modèles d’IA génératives à les intégrer et à les catégoriser ; la possibilité de poser des questions en langage naturel et d’obtenir des réponses structurées et documentées dans des délais extrêmement courts.

En quoi cela change-t-il le rapport au travail ? Dans beaucoup d’entreprises, le rythme de travail s’est accéléré, notamment en raison des problématiques nouvelles qu’elles doivent traiter (transition énergétique, chaines d’approvisionnement, investissements dans les technologies…). Les collaborateurs et les directions générales doivent traiter un nombre sans cesse accru d’informations et de données, réagir vite, décider dans des délais très courts. Et face à ce flux incessant de mails, de data, de réunions, l’intelligence humaine n’a plus la capacité de différencier le « signal » du « bruit ».

Une étude réalisée en 2023 par Microsoft sur le vécu au travail de plus de 30 000 « cols blancs » à travers le monde (« Will AI fix work? », 2023 Work Trend Index), montre que ces derniers passent 57 % de leur journée de travail à « communiquer » (emails, réunions, chats…) et 47 % à « créer » (documents, tableaux de bord, présentations). Plus de 6 0% des personnes interrogées déplorent passer trop de temps à rechercher des informations, 55 % déclarent éprouver des difficultés à tirer les conclusions d’une réunion (au passage, depuis février 2020, le nombre de réunions hebdomadaires en Teams a été multiplié par trois). Les utilisateurs les plus fréquents d’emails passent plus de huit heures par semaine à les traiter.

Au moment où le contexte des entreprises devient de plus en plus complexe et où la qualité des décisions devient cruciale, ceux qui les préparent et qui les prennent ont de moins en moins de temps pour se consacrer à la réflexion ou à la création. Or les outils d’IA générative permettent de résoudre cette contradiction, dans la mesure où ils sont capables de traiter une partie du flux informationnel d’un cadre (lire et répondre aux mails, assister à une réunion, prendre des notes, produire des comptes-rendus, réaliser des présentations, résumer des rapports, extraire des informations des profondeurs de l’intranet …). Ces fonctions que les LLM remplissent de façon plus exhaustive, plus rapide et plus efficace que les humains modifient donc le rapport au travail.

Nouvelle alliance

Dans un monde idéal, l’IA générative est un facteur de productivité et d’amélioration de la performance des salariés en les débarrassant de tâches à moindre valeur ajoutée ou répétitives. Il se pourrait donc que l’on observe dans les années qui viennent une « nouvelle alliance » entre l’homme et l’IA, non seulement pour traiter ces tâches répétitives, mais aussi et surtout pour apporter aux décideurs humains les éléments d’analyse, de prévision, voire de création qui les rendront plus compétents.
Au cœur de ce nouveau rapport au travail se tient la relation au temps. L’intérêt de l’IA générative n’est pas seulement qu’elle produise de l’intelligence, mais qu’elle le fasse dans des délais record. Le gain de temps étant une quête permanente des organisations, si l’IA générative permet à un cadre ou à un dirigeant de produire un travail de qualité en deux fois moins de temps, d’apprendre vite ou de diviser le nombre de ses réunions par deux, elle aura changé à la fois la nature du travail des cadres et dirigeants, mais aussi les modes de décision.

Le champ d’interaction entre l’intelligence artificielle et l’intelligence humaine va encore s’élargir

Il demeure néanmoins que ce que les humains gagneront en efficacité, ils le perdront probablement en compréhension de la façon dont fonctionnent, au niveau fondamental, les nouveaux modèles d’IA, qui vont devenir encore plus complexes et dont le champ d’interaction avec l’intelligence humaine va encore s’élargir. Leur réparation et leur maintenance vont devenir plus problématiques et potentiellement impossibles sans le recours à d’autres intelligences artificielles. L’être humain devra donc, dans la plupart des cas, faire confiance aux résultats des travaux de l’IA, ce qui implique qu’au niveau de l’entreprise, ces systèmes soient mis en œuvre de façon sûre et éthique, avec des outils de gouvernance robustes. Ce n’est qu’à cette condition que les IA génératives produiront pour les entreprises et leurs collaborateurs les bénéfices que l’on est en droit d’attendre d’elles.

Article paru dans Administration 2024/1 (N° 281), pages 70 à 72, signé par Florian Douetteau.

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